Une exposition de grand intérêt au musée Guimet à Paris : Les Bronzes royaux d'Angkor (du IXème au XIVème siècle). Lorsque l'on visite les sites angkoriens en Asie, on est frappé par l'immensité architecturale et par la finesse des sculptures du travail sur le grès sur tous les monuments. Mais il y manque les objets. Cette exposition comble donc un manque et une attente.
L'affiche de l'exposition
Deux religions concurrentes venues d'Inde ont pénétré le royaume khmer : l'hindouisme et le bouddhisme. Leur concurrence a entraîné de nombreuses destructions. C'est pourquoi les représentations divines présentées ici sont des vestiges mémoriels essentiels. Les rois vénéraient leurs dieux et ils ont fait appel à des artisans pour créer des objets de culte réalisés, notamment en bronze.
Les mines de cuivre
L'exposition nous montre dès l'entrée la disposition géographique des mines de cuivre. Mais nous n'en saurons pas davantage sur les approvisionnements en étain, le second élément nécessaire à la fabrication du bronze. Les recherches doivent sans doute se poursuivre. Les objets pouvaient être recouverts de plomb, d'argent ou d'or et même parfumés. Le bronze était bien le minerai royal majeur.
La fonderie royale
L'importance de ces objets d'art divin est encore plus attestée par l'installation au XIème siècle, à côté du palais royal d'Angkor d'une fonderie royale.
Il y a de très nombreux dieux hindous. Mais parmi eux trois ressortent et qui ont été particulièrement honorés par les rois khmers : Brahma, le créateur, Vishnou le protecteur et Shiva le destructeur. Dans la religion hindouiste, c'est un cycle permanent de création, protection destruction.
Vishnou couché, trésor national
Pour la première fois, l'immense statue de Vishnou couché du Mébon occidental, trésor national du Cambodge, sera montrée. Certaines de ces représentations divines sont représentées avec plusieurs bras. Les bras multiples symbolisent souvent une puissance divine immense et une grande capacité à accomplir diverses tâches en même temps. Ces représentations remontent aux textes sacrés.
Bouddha et les nagas
Beaucoup de ces représentations divines (hindouistes comme bouddhistes) sont assises sur des nagas. Les nagas (serpents) gardent les trésors de la nature, sont attachés à l'eau et apportent la prospérité.
Le Bodhisattva
Le bodhisattva représente dans le bouddhisme un être sur la voie de l'éveil, qui aide les autres à atteindre la libération spirituelle.
Jayavarman VII, le roi bouddhiste
On peut voir dans l'exposition une statue en grès de Jayavarman VII, dernier grand roi connu du royaume khmer qui régna au XIIIème siècle. On le retrouve aussi sur les temples khmers d'Angkor. Il était bouddhiste. Son portrait souriant le fait ressembler à nombre de représentations de Bouddha. Son sourire serait le signe de sa bienveillance.
Les divinités féminines
Il y a également des divinités féminines. Dans les textes sacrés hindouistes, certaines déesses exercent une influence sur la société. Néanmoins, le rôle des femmes dans les sociétés asiatiques reste limité comme il l'est dans la religion.
Cette exposition au musée Guimet (jusqu'au 08 septembre 2025) comble un manque essentiel dans notre compréhension de la civilisation angkorienne. Si l'architecture monumentale et les sculptures sur grès des temples impressionnent les visiteurs des sites cambodgiens, les objets de culte en bronze étaient tout aussi importants dans la vie religieuse du royaume khmer. L'installation d'une fonderie royale au XIème siècle près du palais d'Angkor témoigne de l'importance du bronze, minerai royal qui pouvait être recouvert de plomb, d'argent ou d'or. Les représentations divines hindouistes (Brahma, Vishnou, Shiva) et bouddhistes cohabitaient, malgré la concurrence entre les deux religions qui entraîna de nombreuses destructions. Le point culminant de l'exposition est sans doute la présentation pour la première fois de l'immense Vishnou couché du Mébon occidental, trésor national du Cambodge. Les nagas, symboles de prospérité liés à l'eau, apparaissent fréquemment. Jayavarman VII, dernier grand roi khmer du XIIIème siècle, était bouddhiste et son portrait souriant évoque la bienveillance. Si les déesses hindouistes exercent une influence dans les textes sacrés, le rôle réel des femmes restait limité dans la société comme dans la religion.